VERBATIMS D'UN MÉDECIN RETRAITÉ QUI SE FAIT PEUR EN REGARDANT LE MONDE À TRAVERS NOTRE NATURE HUMAINE QUI NOUS EMPOISONNE L'EXISTENCE

J’ai découvert la nature humaine durant mes 31 ans d’exercice de la médecine générale en milieu rural dans un désert médical du nord de l’Aisne, finissant ma carrière durant 7 années en milieu résidentiel en Savoie.

Je suis retraité depuis 3 ans ; alsacien, né à Mulhouse en 1954 ; j’ai fait mes études de médecine à la faculté de Strasbourg dans l’unique intention de faire de la vraie médecine générale en milieu rural, armé d’une santé et de la passion de mon métier, ne me faisant pas craindre la charge de travail.

J’étais obligé de m’interroger sur le comportement de mes nombreux patients vus dans mes centaines de milliers de consultations durant mes 38 années d’exercice de la médecine générale.

Que ces patients soient en souffrance physique ou mentale, ou soient des patients chroniques, résignés pour la plupart, se satisfaisant d’une vie routinière, aidés par leur résilience souvent solidement cultivée dans leur misère, j’avais du mal à imaginer que ces mêmes sapiens puissent devenir les monstres ordinaires de toutes les exactions que nous déversent quotidiennement les actualités.

Devant ces gens, parfois taiseux dans leur souffrance et modérés dans leur récrimination, sollicitant ma bienveillance empathique, allant pour certains jusqu’à la gentillesse prévenante, s’enquérant de ma santé et de ma famille, j’avais du mal à imaginer que dans des circonstances fictionnelles, ils pouvaient basculer dans l’ignominie totale comme la limaille de fer dans un champ magnétique. 

J’étais obligé de me rendre à l’évidence, le Mal ne pouvait être fabriqué que par notre organe le plus spécifique et abouti : notre gros cerveau dont nous sommes si fiers.

La Nature nous aurait rajouté à moindre frais notre cortex qui serait notre générateur d’idées, empilé sur notre cerveau reptilien avec sa région dédiée à enregistrer nos récompenses (le caissier limbique), que nous avons la liberté d’abreuver compulsivement sans limite ; ce sera aussi notre cerveau développé qui nous permettra de prendre conscience de nos différences positives et négatives pour en établir une hiérarchie qu’on vous imposera, créant des chefs et des soumis ou encore des exploités dont on méprisera la vie ; le langage issu également de notre développement cérébral, qui devait développer notre coopération pour les tâches complexes, sera détourné par les leaders de nos fictions, religieuses, politiques, sociétales, pour dominer les plus faibles et consolider le pouvoir des puissants.

Mes patients, consciencieusement observés, m’auront montré que les modestes, les modérés, les réfléchis, ceux se satisfaisant d’une vie routinière, seront à même de vivre une forme de bonheur, contrairement aux privilégiés qui ne sont jamais satisfaits de tout avoir, en réclamant toujours plus, adeptes de la performance avec son stress destructeur, sans limite, jusqu’à finir dans la folie, passant complètement à côté d’un bonheur impossible.

Notre cerveau, source de conflit moral en médecine, avec cette incompatibilité de soigner les autres sans jugement et parti pris, incapable de faire des actes gratuits sans profit à la clé, compliquera la tâche des thérapeutes.

Je m’intéresserai aux difficultés propres à la science médicale, sans preuve de certitude avec ses études statistiques toujours approximatives et discutables ; sans solution unique mais plurielles avec ses avantages et ses défauts ; la médecine n’est pas binaire.

Y-aurait-il un nivellement du bonheur entre les biens servis, qui chuteront avec l’âge et la maladie sans avoir acquis la résilience des modestes, défavorisés dès leur départ ?  Ceux qui penseraient posséder le meilleur organe décisionnel, risqueraient de ne peut-être jamais côtoyer le bonheur, qui ne serait sans doute pas fait pour eux.

Serions-nous une erreur de la Nature se cachant derrière notre grand cerveau dont nous sommes si fiers, qui nous condamnerait peut-être dès nos origines, si on osait pousser notre raisonnement suprême jusqu’au bout de sa logique  ?

Extrait du livre : 

 La métacognition serait à l’origine de toutes mes réflexions qui naissent de ce regard sur mes inférences spirituelles que je peux ainsi suivre, évaluer, contrôler et réguler lors de mes siestes méditatives. Jeune adolescent, je m’aperçus de la subjectivité des jugements des autres sur mes actes et comportements, qui ne cherchaient par là qu’à se conforter eux-mêmes. Dès le lycée, je partageais avec un ami, devenu psychiatre depuis, sur sa découverte de la psychanalyse. Je lui lançais à la cantonade sur un ton bon enfant : « je préférais me satisfaire de mon auto analyse » ; surpris d’avoir provoqué chez ce dernier une telle réaction rédhibitoire aussi radicale, m’incendiant d’oser contredire une telle fiction qu’il regardait avec estime, défendant le génie de son créateur. Réfléchissant sur cette conjecture, je découvris que je pouvais regarder mes propres pensées avec humilité, essayant de me libérer des fictions environnantes, m’obligeant avec un maximum d’objectivité à émettre un regard et son jugement, me détachant de toute recherche de récompense personnelle avec ses émotions qui entraveraient toute objectivité. J’avais découvert que toutes mes projections décisionnelles de mes jugements métacognitifs s’avéraient plus crédibles que les avis exprimés par l’entourage, toujours pollués par leurs intérêts personnels. Mon ouvrage sera l’aboutissement de mon regard métacognitif sur mon vécu jusqu’à ce jour, que j’espère poursuivre aussi longtemps que mon cerveau tournera rond, espérant que l’on m’obligera à m’arrêter si je finissais par dérailler sans m’en apercevoir.  

 Tous nos actes sortent de notre cerveau dont nous sommes si fiers, qu’ils soient bons ou mauvais ; nos actes nous déterminent au regard d’autrui et conditionneront nos relations sociales, provoquant les réactions de l’entourage. Nos réflexions intimes qui ne seront pas converties en actes resteront dans notre cloud cérébral ; celui-ci enrichira notre imaginaire qui colorera nos actes par l’influence de ce stock réflectif ; notre NH, chercheuse addictive de récompenses, guidera nos actes afin de déclencher le maximum de réactions dans notre entourage, l’appelant à réagir devant l’affirmation de notre Ego au travers de nos actes ; comme toujours, nos actes les plus répréhensibles appelleront plus à réagir que le bien, nous affirmant dans ce champ magnétique agresseur ; si le loup devient chef de meute en s’imposant par la force, son pouvoir se transformera en devoir qu’il remplira, protégeant les individus du groupe ; l’Homme, avec son besoin de satisfaire sa récompense, préfèrera agresser le voisinage afin d’affirmer son pouvoir plutôt que distribuer le bien, moins valorisant que cette autorité gratifiant son pouvoir de puissance dominante, imposant la soumission à ses directives ; serait-ce encore notre dictateur cortiqué qui expliquerait que sapiens s’adonne plus à la malveillance qu’à la bienveillance ? ; s’il peut encore l’amplifier par le truchement d’une fiction, afin d’étendre son pouvoir sur une pléthore d’individus, il en ressentira une satisfaction supplémentaire ; sans doute que renier ses erreurs serait en partie une manière de se renier soi-même ainsi que son appartenance à son groupe fictionnel, si on s’y était engagé ; se renier, serait une certaine façon de se suicider, tuant notre ego, chose impossible pour une majorité de sapiens.