Quand le cœur défie la guerre

Jeune fille de 18 ans, avec une mentalité de tous les âges selon les jours, je navigue parmi mes nombreux centres d'intérêt. Dissocier passion et vocation, voilà ma plus grande mission.

Ce roman est une fiction nourrie de vérités historiques. Il raconte une guerre à hauteur de cœur, une guerre que l’on soigne, que l’on endure, que l’on aime malgré tout.

C’est l’histoire de deux femmes, Rose et Camille, que tout oppose sauf l’essentiel : le courage, la tendresse, et l’insoumission face à la barbarie.

À travers elles, c’est aussi un hommage à toutes celles et ceux dont la mémoire a été effacée, ignorée, dissimulée.

À ces amours que l’Histoire n’a pas retenus.

À ces luttes qui ne figurent pas dans les manuels scolaires.

À ces survivantes dont les cicatrices sont devenues des récits.

Ce livre parle d’amour, oui. Mais aussi de perte, de quête, de silence, et de ce qui subsiste quand tout semble consumé : le souvenir.

Il est dédié à toutes les voix étouffées par la guerre — et à celles qui continuent de les faire entendre.

Extrait  

15 août 1942.

Le ciel au-dessus de la Manche était d’un gris compact, presque métallique. Rose Carter, vingt-sept ans, infirmière de l’Armée américaine, tenait fermement la sangle de son siège dans un C-47 Skytrain bringuebalant, secoué par les vents d’ouest. L’avion militaire, un modèle de transport habituellement utilisé pour larguer les troupes parachutistes, avait été réaménagé à la hâte pour transporter des infirmières et du matériel médical. À travers le hublot, on ne voyait qu’une mer froissée, blanche d’écume, et des nuages bas comme un couvercle.

Autour d’elle, une dizaine d’autres femmes tentaient de dissimuler leur nervosité. Certaines portaient l’uniforme kaki du Army Nurse Corps, d’autres les insignes rouges de la Croix-Rouge américaine. Toutes savaient qu’en quittant l’Angleterre, elles franchissaient une ligne invisible. Plus rien ne serait jamais comme avant.

Rose regardait longuement dehors, le visage impassible mais le cœur battant. Elle revoyait encore le moment où elle avait dit adieu à sa mère sur le quai du port de New York, quelques semaines plus tôt. Pas une larme, juste une étreinte, brève, tendue. Son père, médecin de campagne dans le Massachusetts, n’était pas venu. Il avait simplement glissé dans sa valise un petit carnet vierge et une photographie d’elle enfant, tenant un lapin blessé dans ses bras.

Sa décision avait été rapide, irrévocable. En février, les États-Unis étaient officiellement entrés en guerre après l’attaque de Pearl Harbor. Depuis, des milliers de jeunes hommes avaient été mobilisés, mais aussi des femmes, affectées dans les services médicaux. On parlait d’envoyer des renforts vers l’Afrique du Nord, l’Italie, la Grande-Bretagne… mais cette mission en France était différente. Secrète, isolée, presque expérimentale.