Petits poèmes posthumes

Je suis né à Orléans en 1978. J’écris depuis le collège, animé par l’amour des mots et une quête de sens. La littérature est pour moi bien plus qu’un plaisir, elle est ce paysage infini de délicates nuances dans la toile tissée par un monstre à deux têtes : L’Ennui et la Cruauté, comme pour l’adoucir. Elle est mon oxygène, mon Everest, mon vaste ciel étoilé.

Ce recueil regroupe vingt-cinq petits poèmes en prose qui se veulent être à la fois une humble suite et une correspondance du célèbre recueil Le Spleen de Paris. À travers cette création, j’ai voulu rendre hommage à Baudelaire qui m’accompagne au quotidien et dont j’ai souhaité prolonger la voix et la mêler, parfois, à la mienne.

Dans un jeu de miroir, de lumière, de musicalité, j’ai voulu renvoyer le lecteur à ce trésor de notre littérature et prolonger l’émotion. Lui rappeler que la littérature, bien que se voulant emprunte de gravité, se doit d’emprunter la voie aérienne, parfois, de la légèreté, qui seule permet de prendre un peu de hauteur afin de contempler ce sublime et terrible espoir qui consiste à reporter le moment - encore un peu - qui nous sépare du néant.

Cette « échappée » dans le texte - si beau - de ce maître a su je l'espère jeter quelques lumières sur l’ombre portée et apporter quelques fruits nouveaux au lecteur insatiable.

Extrait  

XVIII – Peinture

J’ai aimé la peinture et les images qui nourrissaient mon âme. J’ai désiré peindre moi-même la beauté fugitive d’un pied qui se détache.

J’ai aimé et j’ai cru en ce bonheur tel un vin de vigueur et à mon front l’or a pali peu à peu, remplacé par des artifices toujours plus forts.

La jupe a erré dans mon esprit comme une lumière ivre et j’ai tenté, en vain, d’en saisir le motif.

Les doigts tâchés de couleurs, je méditais comme un chat médite son forfait. Puis, j’ai croqué le grain de beauté avec la crispation de l’artiste. Jusque tard, dans les éboulements, malgré la maladie et les croche-pattes de la vie j’ai cherché à emprisonner le feu glacé d’un sein nocturne.

J’ai erré, en vain, dans cette toile en quête d’un signe, d’une étoile. J’ai prié le bon Dieu et le diable, j’ai maudit la vie et cette ville pour quelques vers que je me suis empressé de déposer à tes pieds. Toi, ma ténébreuse nuit, mon silence et mon abîme, ma cruelle effacée !