Les voyages d’une fille ordinaire

Née au milieu des années 60 en banlieue parisienne, je me suis très vite réfugiée dans la lecture. Dès 5-6 ans, les histoires me permettaient de m’évader, de m’envoler vers des lieux inconnus et magiques, et d’aller à la rencontre des autres. Je n’ai jamais arrêté.

Vous aimez l’aventure ? Moi oui ! Les voyages sont une passion partagée par beaucoup d’entre nous. Ils permettent la découverte  de contrées plus ou moins lointaines, de cultures variées et intrigantes, de saveurs et d’odeurs inconnues, de paysages d’une beauté à couper le souffle. Ils offrent un sentiment de bien-être, souvent synonyme de vacances, de douces promesses de langueur, de soleil, de repos mérité ou de fêtes endiablées. Ils laissent présager un bonheur infini, une forme de liberté aussi précieuse que rare. Et surtout, surtout, il n’y a pas de voyage sans histoire d’amour, vibrante, intense, incandescente, qui nous consume si l’on consent à s’y abandonner.
Mais qu’en est-il des voyages intérieurs ? Ceux qui, souvent, nous font peur, ceux que l’on fuit, ceux qui remontent le temps, ceux qui font resurgir de nos profondeurs des blessures inavouables, les souffrances extrêmes, la noirceur de l’âme ? Que se passe-t-il lorsque nous partons, nu et sans bagage aucun, à la rencontre de nous-même ? Peut-on y rencontrer, là aussi, l’amour ?
 

Extrait du livre : 

LA VALISE CACAHUETE – Extrait

« Madame Mancier,… Madame Mancier, il est l’heure. On vous attend dans la salle commune. Les élèves vont bientôt arriver.
Louise lève les yeux, regarde la jeune femme qui l’interpelle, et reprend doucement ses esprits. Assise sur le banc, dans le petit jardin odorant, elle s’était laissée embarquée, une fois de plus, dans la langueur de ses souvenirs. Amandine lui sourit avec tendresse, et vient l’aider à se lever. Les 80 printemps de Louise ne l’empêchent pas de marcher, mais lui en font quand même voir de toutes les couleurs. Ses articulations, fatiguées d’avoir trop couru, porté, dansé, n’apprécient plus trop d’être sollicitées.
« Ils viennent pour quoi, ces petits, déjà ?
-Pour vous rencontrer, vous et vos amis, et présenter un projet autour du partage transgénérationnel, de la transmission, des histoires de vie… mais ils ne sont pas si petits que ça vous savez, ils sont au lycée. Ils doivent bien avoir 15 ou 16 ans.
-Oh, ben effectivement, ils sont presque vieux ! »
Appuyée sur sa canne, un petit air espiègle au coin des yeux, Louise se dirige pas à pas vers la salle du rez-de-chaussée, celle-là même où se font les activités quotidiennes proposées aux personnes de la résidence. Maintenant qu’elle y repense, elle se souvient s’être inscrite pour participer à ces rencontres entre jeune génération et vieux croutons ! »