Les ailes du désir

Christopher Longe est un écrivain français originaire du Pays Basque. Voyageur passionné, il s’est nourri de ses nombreux déplacements et des rencontres qui ont jalonné son parcours professionnel pour développer une plume à la fois sensible et profonde.

L’écriture de son premier roman est née d’un défi lancé par son épouse, mais aussi d’un désir plus intime : partager ce que l’expérience et les chemins de vie lui ont appris. Ses récits explorent les forces invisibles qui nous traversent — le désir, moteur d’élan vital et de passion, mais aussi les drames de l’existence, ces épreuves parfois soudaines qui viennent bouleverser l’équilibre fragile des familles et des êtres.

Extrait  

Vers 10h30, trois petits coups légers frappèrent à la porte. La poignée tourna.

— Tu es disponible ? demanda Claudia, en entrouvrant la porte.

— Oui, entre.

Elle poussa la porte plus largement et fit un pas de côté. Une femme entra derrière elle. Et soudain, le temps sembla se figer. Alan, concentré sur son écran, leva les yeux. Ce regard. Bleu profond. Inoubliable. C’était elle. Sarah. Le monde vacilla un instant autour de lui. Un frisson remonta sa colonne. Mais son visage resta étrangement neutre. Claudia, dans son naturel habituel, annonça joyeusement :

— Je voulais te présenter Sarah, la remplaçante d’Isabelle. Elle commence aujourd’hui. On a pris un café ensemble ce matin, je lui ai un peu expliqué le fonctionnement de l’équipe, mais je voulais qu’elle te rencontre aussi. Sarah, comme si de rien n’était, s’approcha du bureau avec un sourire professionnel et une assurance troublante.

— Ravie de faire votre connaissance, dit-elle en tendant la main. Votre femme m’a parlé de vous avec beaucoup d’admiration. Je suis très heureuse de pouvoir contribuer, même brièvement, à votre belle aventure ici.

Alan se leva lentement. Il saisit sa main, timidement, comme si elle était brûlante.

— Bienvenue, dit-il d’une voix légèrement voilée. J’espère que vous vous sentirez rapidement à l’aise ici. Et que cette expérience vous sera agréable.

— Je n’en doute pas, répondit-elle, toujours souriante. Claudia a été très claire et bienveillante. Je me sens déjà très bien accueillie.

Un court silence s’installa, presque imperceptible. Puis Claudia reprit la main :

— Allez, je te montre le reste de l’équipe. Tu verras, l’ambiance est excellente.

Sarah hocha la tête, jeta un dernier regard à Alan, puis sortit. Avant de fermer la porte, Claudia lança à son mari, malicieusement :

— Je te l’avais dit qu’elle ferait l’affaire !

La porte se referma. Alan resta immobile. Son cœur tambourinait. Il sentit un frisson glacé envahir sa nuque. Il se rassit lentement, posa ses mains sur son visage. Tout son corps semblait tiraillé entre incompréhension, tension, et ce désir qu’il pensait pouvoir enfermer pour de bon. Le passé n’avait pas seulement franchi la porte de son bureau. Il venait de prendre place dans sa propre boutique.