Maintenant et alors

Naele Evylian, vous l'aurez deviné, est un pseudonyme. Il est le résultat de longues recherches effectuées sur les bancs du lycée où, assis près d'une jeune fille dont j'étais et suis toujours amoureux, j'écrivais des poèmes et je m'amusais à trouver un anagramme poétique de nos deux prénoms. A l'époque, je lisais un livre d'André Gide, Les nourritures terrestres, dont le héros s'appelle Nathanaël.

Plus tard marié, devenu professeur d'anglais, en partie grâce aux Beatles. J'ai ensuite vécu quelques temps dans la banlieue londonienne avec me femme et nos deux enfants. Plus tard, après avoir quitté l'Education Nationale je me suis reconverti agent de voyages, spécialisé dans les séjours linguistiques. Aujourd'hui retraité, je suis revenu à mes premières amours, l'écriture. Aujourd'hui retraité, je suis revenu à mes premiers amours, l'écriture.

Extrait  

Annabelle était attirée, pour ne pas dire subjuguée autant par le caractère secret et défendu de la vie souterraine des boîtes installées pour la plupart dans les caves du quartier St Germain, que par la musique elle-même, dont elle appréciait ce qu’elle appelait la sauvagerie, la vitalité débridée et les surprises continuelles que lui inspiraient ces rythmes endiablés.

Nous avions trouvé un sujet de discussion car j'ai toujours aimé la musique en général et le jazz en particulier. J'avais eu 20 ans au début des années 50 et j'avais connu les derniers zazous. Le ton de notre conversation avait changé. Nous étions soudain devenus plus complices, presque intimes. Nos échanges de paroles et d’idées avaient pris l’allure d’un conciliabule plein de connivence et de sous entendus. Nous avions continué ainsi échangeant nos points de vue sur tel ou tel musicien puis nous nous étions aventurés sur le terrain de la littérature et étions tombés d'accord pour reconnaître que le nouveau roman nous déroutait un peu, mais que malgré tout, nous l'appréciions à cause de sa modernité.

En rentrant chez moi, ce soir là, j'avais soudain décidé, C’est la femme qu’il me faut !

Elle m’avait charmé par son rire léger qu’elle faisait monter du fond de sa gorge. Elle m’avait intrigué par ses yeux pétillants chaque fois qu’elle prononçait une parole anodine mais qui s'agrandissaient et devenaient soudain naïvement sérieux dès qu'un sujet lui tenait à cœur. Elle m’avait enjôlé par son sourire timide qui répondait au mien et qui montrait déjà que nous avions établi une réelle complicité en dépit de notre différence d’âge. En un mot, elle m’avait conquis. J'avais six ans de plus qu’elle mais en sa présence, j'étais soudain redevenu l’étudiant que j'avais été quelques années plus tôt.