Le Prince

De la cour de récréation aux allées du lycée militaire, en passant par les tatamis, les terrains de foot et désormais les planches des théâtres parisiens, je n’ai cessé de chercher des repères dans l’espoir de trouver ma place. Il semble que jouer des rôles n’ait rien d’étranger pour moi. Et concernant l’étranger, sa place me paraît plus enviable que ce que l’on peut penser. En cherchant sa place, on en trouve bien souvent plus d’une.

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Ce recueil poétique suit, d’un poème à l’autre, le chemin intérieur d’un jeune homme en quête de lumière et d’identité, à travers des épreuves parfois dures, souvent silencieuses, toujours humaines.
Dès les premières pages, on est saisi par une écriture sobre et touchante, qui laisse affleurer une émotion contenue, jamais forcée.
Le Prince nous accompagne dans ses questionnements, ses douleurs, ses élans – entre mémoire de l’enfance, sentiment d’exil, solitude, mais aussi foi, dignité et désir de transmettre.
Ce fil narratif, tout en nuances, trace une trajectoire singulière qui parle à chacun.

Préface

Il y a quelques années, j’ai croisé un jeune Prince que l’on nommait ainsi.
Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’était pas en paix avec son temps, ni avec lui-même d’ailleurs…
si bien qu’il écrivait, nuit et jour, pour supporter le poids de ses conflits, et peut-être aussi pour se rassurer.
Ou pour ne pas céder à la folie…

Aimait-il vraiment écrire ? Quoi qu’il en soit, il n’écrit plus aujourd’hui.
Pour sûr, il aurait eu beaucoup de choses à te raconter.

J’ai essayé d’écrire ce que j’avais pu voir de lui, ce qu’il avait pu vivre. Et puis, en rassemblant une partie de son journal, j’ai trouvé quelques lettres qui n’étaient pas encore parties.

Au fond, je n’ai jamais réellement su qui se cachait derrière Le Prince… sans doute auras-tu plus de chance que moi.
Tu l’as deviné, je ne l’ai pas connu très longtemps, mais je crois que nous avons été amis…
Oui. Oui, nous étions amis.

Extrait 

À travers les musées, à travers les cafés,
À travers leurs corps nus ! les cheveux décoiffés !
Le long des quais pavés, des balades nocturnes,
Dans les rires alliés des blagues opportunes,
Je cherchais sans relâche en gardant ce dessein
De croiser au plaisir des courbes et des seins !
Au hasard d’un visage, au gré des tamisages,
Cette âme tant rêvée, sœur, unique et sauvage !
À qui je verserais, dans un Graal en cristal,
Sans craindre étonnamment aucun éclat fatal,
Mon sang rouge, ravi de s’unir à ses lèvres
Pour trinquer à l’amour, au désir, à la fièvre !

Mais chaque soir, rampant vers mon propre mouroir,
Seul ou accompagné, je croisais ce miroir !
Dont le reflet frustrant qui brûle et qui n’affiche
Ni le beau, ni le laid, ni le pauvre ou le riche !
Ni l’antique savant, ni même l’ignorant,
Prétendait reboucher de son feu dévorant,
Ma terrible blessure et ce vide insondable,
Dont il était lui-même absolument coupable !