Le Fardeau des Origines (Les Héritiers de l’Exil – Tome 1)

Né en France d’un père originaire de Kabylie, je vis entre deux langues et deux cultures qui nourrissent mon imaginaire.
Après avoir travaillé dans le cinéma, notamment comme second assistant de réalisation sur L’Ennemi Intime de Florent SIRI, j’ai choisi l’écriture comme espace de transmission et de mémoire.
À travers mes récits, je cherche à répondre à un devoir de mémoire : donner voix aux héritages silencieux et aux exils qui continuent de marquer nos générations.

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Il y a plus de dix ans, j’ai commencé à écrire ce roman avec la volonté de donner une voix à ceux dont l’exil s’écrit souvent en silence. Pendant le confinement lié au Covid, j’ai eu l’occasion de reprendre ce travail en profondeur, de développer mes personnages et de tisser les liens entre leurs destins. Aujourd’hui, je suis fier du résultat : le premier tome d’une saga littéraire qui m’accompagne depuis une décennie.

Dans Le Fardeau des Origines, trois voix se répondent :

• Rached, revenu en Kabylie après des années d’absence, qui découvre qu’on ne revient jamais vraiment au pays qu’on a quitté.
• Nassima, arrachée à son enfance et élevée par un couple français à Alger, qui lutte pour trouver sa place entre deux mondes.
• Lylia, leur fille, née après la guerre, condamnée à porter un héritage qu’elle n’a pas choisi.

L’originalité de ce roman est de raconter non pas seulement l’exil géographique, mais l’exil intérieur — celui qui s’inscrit dans la mémoire et se transmet en silence d’une génération à l’autre. C’est une fresque intime et universelle où chacun peut se reconnaître, car nous portons tous des héritages invisibles et des silences qui façonnent notre identité.

Les Héritiers de l’Exil est une trilogie qui explore comment l’exil, même non vécu, peut marquer des générations entières — et comment il peut, enfin, se transformer en force. En soutenant ce projet, vous devenez les premiers témoins et passeurs de cette mémoire vivante.

Trois générations. Deux pays. Un même fardeau.

Extrait

Au fil des pages…

… Les années passées en France m’ont changé. Et si, à leurs yeux, je n’étais plus le fils qu’ils ont vu partir ? Peut-être verront-ils un homme qui a fui, plutôt que celui qui a combattu. Un homme qui a quitté la terre quand elle avait le plus besoin de ses enfants. Cette idée me hante à mesure que je m’approche du village.

Pourtant, je ne reviens pas les mains vides. Dans ma valise, caché entre quelques vêtements froissés, repose un objet précieux : un magnétophone à bandes. À l’intérieur, les voix de Yacine et Akli, mes frères restés en France. Ce n’est qu’un enregistrement, quelques mots arrachés à la distance. Mais pour moi, c’est bien plus que ça. C’est une offrande.

Quand je passe le seuil de la porte, mes craintes s’envolent. Les retrouvailles sont chaleureuses. Pour mes parents, me revoir, c’est déjà une victoire sur l’éloignement, sur cet exil qu’on ne prononce qu’à demi-mot. En quelques secondes, les années d’absence semblent s’effacer. Lorsqu’ils me demandent des nouvelles de mes frères, je ne réponds pas. À la place, je sors le magnétophone et le pose au milieu de la pièce.

Je les observe lorsqu’ils posent les yeux sur cette boîte étrange. Leurs visages trahissent l’incompréhension, un soupçon de méfiance. Puis, lorsque j’appuie sur le bouton et que la voix de Yacine résonne dans la pièce, un miracle se produit. Leurs expressions se figent un instant, comme suspendues entre le doute et l’émerveillement. Ma mère avance doucement, son regard fixé sur la machine, comme si elle n’osait croire ce qu’elle entend.

Puis, soudain, la lumière envahit leurs visages. Je vois leurs yeux s’agrandir, leurs sourires éclore malgré eux. Mon père, d’habitude si stoïque, a le regard humide, ses mains tremblantes s’approchent de l’appareil comme s’il craignait de briser l’illusion. Ma mère murmure quelque chose, une prière peut-être, ou un mot de remerciement. Elle semble fascinée, hypnotisée par cette voix qui traverse le temps et l’espace.

Après ce moment bouleversant, je décide qu’il est temps de leur rendre la pareille. Le magnétophone, qui a porté les voix de France jusqu’ici, va désormais capturer celles de mes parents pour mes frères. Peut-être que ces messages, empreints de l’accent rugueux de la Kabylie, éveilleront en eux un appel au retour…

Puis…