De l’enfance à l’âge adulte : ce qui se construit pour la vie.

Passionnée par la psychologie du développement et la pédagogie bienveillante, je consacre ma réflexion à la compréhension des premières années de la vie comme fondement du devenir humain. À travers mon travail, je cherche à créer des ponts entre les savoirs scientifiques, les expériences vécues et l’accompagnement sensible des enfants.

Il s’agit d’un essai humaniste et poétique qui interroge nos origines intérieures : comment l’enfant que nous avons été continue-t-il de vivre en nous ? À travers dix chapitres thématiques, l’ouvrage met en lumière les compétences fondamentales qui se développent dès les premières années et montre comment elles se prolongent à l’âge adulte.

Ce livre ne se contente pas d’analyser : il relie, il inspire, il fait dialoguer la psychologie, la pédagogie et l’expérience humaine. Son originalité réside dans son approche transversale, accessible à tous, qui éclaire à la fois la compréhension de soi et l’art d’accompagner les jeunes enfants. Il s’adresse aux parents, aux professionnels de la petite enfance, mais aussi à tous les adultes en quête de sens, de douceur et de profondeur dans leur rapport à la vie, à soi et aux autres.

En tant qu’éducatrice de jeunes enfants, je puise mes inspirations dans mon quotidien auprès des jeunes enfants, véritables guides porteurs d’une sagesse et d’une authenticité que les adultes ont tant à réapprendre. Chaque relation humaine, chaque échange, chaque émotion rencontrée nourrit ma réflexion et ma plume. J’ai écrit ce livre pour mieux comprendre l’humain : soi, les autres, et les liens invisibles qui nous unissent. C’est une invitation à éveiller une conscience collective autour de ce qui se joue dès les premières années de la vie. Car comprendre la petite enfance, c’est comprendre la source même de notre humanité.

Extrait  

La résilience est la capacité à faire face aux épreuves, à surmonter les difficultés et à se reconstruire après l’adversité. Elle ne consiste pas à éviter les problèmes, mais à développer les ressources intérieures et extérieures permettant de rebondir. Cette aptitude, loin d’être innée, se cultive dès la petite enfance dans un environnement porteur de sécurité, de confiance et d’amour. Dès les premières années de vie, les enfants sont confrontés à des frustrations, des séparations, des conflits ou des émotions intenses. La manière dont ils vivent ces moments et les accompagnements qu’ils reçoivent façonnent leur capacité à y faire face. Un enfant consolé avec bienveillance, écouté dans sa détresse, guidé dans la résolution d’un conflit, développe peu à peu les bases d’une résilience stable.

L’attachement joue ici un rôle central. Les travaux de Bowlby et Ainsworth ont montré qu’un lien d’attachement sécure permet à l’enfant de se sentir suffisamment en sécurité pour explorer, tomber, échouer, puis recommencer. La présence constante et empathique d’un adulte de référence est le point d’ancrage dont l’enfant a besoin pour transformer l’expérience douloureuse en apprentissage. Par exemple, un enfant qui perd un jouet auquel il tenait beaucoup peut vivre une vraie peine. Si un adulte valide son émotion, l’aide à mettre des mots puis l’accompagne à travers cette perte sans minimiser ni dramatiser, il lui permet de développer une capacité de deuil et de résilience à l’échelle de son vécu.

Les expériences de vie, lorsqu’elles sont accompagnées de manière soutenante, deviennent des opportunités d’apprentissage émotionnel. À l’inverse, un environnement négligent, instable ou violent peut compromettre le développement de cette compétence, ou entraîner une résilience dite "de survie", souvent coûteuse sur le plan émotionnel. À l’âge adulte, la résilience devient un facteur clé d’équilibre. Face aux ruptures, aux pertes, aux échecs, aux pressions professionnelles ou aux transitions de vie, les adultes mobilisent ce qu’ils ont intégré très tôt : capacité à s’autoréguler, à demander de l’aide, à relativiser, à persévérer. Les adultes résilients savent que la souffrance fait partie de la vie mais qu’elle peut être transformée.

Un adulte qui traverse un licenciement, par exemple, et qui parvient à rebondir en réorientant sa carrière, en s’appuyant sur ses ressources internes et sur son entourage, illustre parfaitement cette résilience active. Elle ne nie pas la douleur mais la traverse avec lucidité et engagement. La résilience peut également être renforcée tout au long de la vie, par la thérapie, les relations humaines de qualité, l’accès à la culture, la méditation, ou encore la spiritualité. Elle n’est pas une qualité figée mais une dynamique vivante qui se nourrit d’expériences, de soutien et de sens. Ainsi, en favorisant très tôt l’expression émotionnelle, l’autonomie graduée, et le soutien affectif, on construit des individus capables non seulement de résister aux tempêtes de la vie, mais aussi de s’enrichir des épreuves traversées.