Perdre son âme à l’hameçon

René Rouzet savoure sa retraite à  Lanarce,dans le hameau de Jammes,installé  dans l'ancienne ferme de ses grands-parents. Il y a vécu enfant et y a passé  toutes ses vacances d'adolescent et d'adulte.Sous les fenêtres, le splendide cours d'eau ,affluent de l'Allier,ne pouvait que l'envouter. 

Le livre s'adresse aux lecteurs ardéchois,et d'ailleurs,aux pêcheurs de truites,aux amoureux de la nature,aux"feuilleteurs"de hasard.

Après  "Celie, un amour de Boutieres " (editions Lacour/Olle) ce nouveau récit parle de truites mais pas...queue de poisson.Il conte un amour de rivière dans le courant d'une vie. 

Extrait du livre : 

...Sur le montant de la porte de la cuisine les marques sont dépassées. Comme ils ont grandi ! Pépé et mémé nous jaugent – Et l’école ? … et ton papa …. Et … En douce, j’ai déjà inspecté le réduit et la souillarde, et ma ligne est bien à sa place sur la grosse poutre de l’écurie. – Où va-tu ? Allez viens boire ton café au lait. Tu auras bien le temps ! Je m’échappais, je m’échappe … le chemin, le loquet rouillé qui résiste, le jardin en surplomb. Elles sont là ! Une truite noire chasse près du grand rocher, deux petites batifolent à me pieds, d’autres attendent, impassibles au fond de la plaine...
...Et le ruisseau de Malagayte que Jojo fréquentait assidûment ! Il fallait gravir les Sucheyres à travers sa mer de genêts, esquiver les toiles d’araignées et leurs bêtes velues qui collent aux jambes quand elles ne plongent pas dans vos bottes, dissiper quelques images d’auberge sanglante ou de Bête du Gévaudan. En sueur et torse nu on devinait entre les pins de la Sagnette, un vallon accueillant adossé à une forêt gigantesque. On y dévalait, chavirés par la passion truitière...

...Elle vint et irradia. Oser, foncer, au risque d’être repoussé, moqué. Ne pas être devancé, surtout ! Elle avait tout de la… vraiment ! Une ligne ondoyante, une carnation cuivrée, la bouche carnassière. J’étais à sa table ; elle ne me congédiait pas, souriant à mon impossible entrée en matière. – Si j’osais, je vous dirais que vous ressemblez à une truite ! - … Ah, bon ! On courut à son lit...

...La ritournelle donnait le ton, les mots affluaient :

  …toujours présentes, indifférentes,

      Elles me captivent et elles me hantent,

      Alors fougueux, jeune pêcheur

      Je fais valser leur robe à fleurs.

C’était ma plage, chaque année,

Près de la maison de pépé

Loin l’Huveaune désolante

Le métal et la mort lente

La rivière et se secrets

C’était le bonheur assuré

Ma ligne faisait voltiger

Toutes mes journées lissées...