A l’envers

Né en Tunisie et réfugié en France à l’âge de 10 ans, Michel Bellaiche porte en lui les traces d’un exil précoce et d’une vie d’errance choisie.

Rebelle, peintre des instants et fabricant de mots, il distille dans ses textes et ses œuvres une mémoire sensible, entre racines, rencontres et identités plurielles. Aujourd’hui, il signe ses peintures du symbole amazigh ⵣ, affirmant une humanité libre et consciente de ses héritages.

À l’envers est un voyage poétique et intime qui traverse vingt années et plus d’écriture, mêlant exil, mémoire, désir, errance et fulgurance du monde. 
Ces textes sont nés du besoin essentiel de donner une forme aux fragments de vie — les instants fugitifs, les silences habités, les rencontres éphémères. 
Son originalité tient à la voix singulière qui s’y déploie : à la fois lucide, mélancolique et profondément humaine, portée par une langue ciselée et souvent musicale. Illustré de peintures en noir et blanc, il brouille les frontières entre poésie et image, mot et trace. 
Contribuer à ce projet, c’est participer à faire émerger une parole libre, enracinée dans l’histoire personnelle mais résonnant avec des questions universelles : l’identité, le temps, l’exil, l’amour. 
Ce recueil s’adresse aux lecteurs et lectrices sensibles à une poésie exigeante mais accessible, aux amateurs de littérature, d’art et de mémoire vive. 
Il s’inscrit dans la filiation de poètes voyageurs, mais avec l’aspiration d’inventer un regard singulier, à rebours des évidences — à l’envers, justement.

Extrait du livre : 

Kerguelen

C’est chez nous qu’on ignore ces bras frappés de croix.

C’est ici qu’on allume des silences étonnants.

C’est ici qu’on construit,
pas à pas,
des jardins délabrés,
qu’on invente des chambres
repeuplées de hasard,
dans l’attente d’on ne sait
quels espoirs attachés
aux branches déjà brisées
des automnes Pacifiques.

Alors nous reviendrons
par ces chemins cachés
que n’ignorent les boues,
sur les ailes muettes
d’étonnants volatiles.

Passons ces Kerguelen de varech et de rocs.
Passons ces iles frigides.

Les goélettes silence ne nous porterons plus.

Nous ne naviguerons plus.